Dans l’océan de données personnelles que Google collecte sans l’aval des utilisateurs, nous avons aujourd’hui les informations médicales ! Selon le quotidien américain The Wall Street Journal (article payant), l’opération portait le nom de code de « Project Nightingale ». Le nom semble être hommage à Florence Nightingale, une infirmière britannique qui a été pionnière dans l’utilisation de statistiques. Or, pour travailler sur des statistiques, il faut des données…
Ces données, Google ne les a pas volées, mais les a collectées auprès d’Ascension, une organisation médicale sans but lucratif qui réunit 2.600 médecins, hôpitaux, cabinets médicaux et autres lieux médicaux. L’organisation catholique basée à Saint-Louis, dans le Missouri, a ouvert ses serveurs aux équipes de la division cloud de Google. Qui a récupéré non seulement des résultats d’analyses, des diagnostics de docteurs, etc., mais aussi des noms et des dates de naissance. En clair : des données non anonymisées. Et ce qui est encore plus grave c’est que ce partage et l’utilisation de ces données ont été réalisés à l’insu des patients et des praticiens de santé !
Il semble possible qu’une loi fédérale de 1996 rende l’opération légale. L’Health Insurance Portability and Accountability Act permet en effet aux hôpitaux le partage des données médicales avec ses partenaires business sans l’aval des patients, dès lors que les informations partagées sont utilisées « uniquement dans le but de permettre à l’établissement de remplir ses fonctions de santé ».
Or, le projet Nightingale a pour but d’améliorer la gestion des patients en faisant analyser les données médicales par ses algorithmes d’intelligence artificielle et d’apprentissage machine (machine learning). En moulinant la data dans son service cloud, Google a développé Patient Search qui permet à Ascension de profiter non seulement d’un moteur de recherche agrégeant les données médicales des patients, mais aussi d’un système de recommandations. Des recommandations qui vont des suggestions d’évolution de traitement, en passant par le changement d’une partie de l’équipe médicale qui suit le patient jusqu’à des modifications dans la facturation.
Google et Ascension ont répondu au Wall Street Journal que l’opération conjointe était pour le bien de l’humanité (bien évidemment), sans jamais faire amende honorable ni rappeler les importants enjeux financiers – pour Ascension dans la facturation et le parcours client, pour Google dans l’amélioration de son offre cloud face à Amazon et Microsoft. Si le partage et l’analyse de données médicales ont un potentiel majeur dans le futur (suivi des patients, détection des maladies), ce genre d’utilisation « sauvage » des données pourrait pousser les législateurs américains à imposer des limites plus fermes quant à leur utilisation et leur partage.
Source : Wall Street Journal
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